Le passage est tout simplement hallucinant.
Pour la mort de Nahel, la colère est "légitime", selon Eric Piolle. De surcroît, cette "colère, on la sent, tout le temps (...) dans ces 1300 quartiers dans lesquels il y a plus de 50% de pauvreté", explique-t-il dans le micro, en assurant que "tant qu'on ne travaille pas sur les causes des émeutes, il n'y a pas de raison qu'elles ne se reproduisent pas".
Des citoyens de seconde zone
"Ce sentiment d'être des citoyens de deuxième classe, de ne pas avoir la liberté de circuler partout, de pas pouvoir accéder aux mêmes études que les autres, que quand on arrive à y accéder (...) il y ait encore de la discrimination à l'emploi, quand on ne peut pas partir en vacances, quand on vous regarde bizarrement dans la rue", énumère le maire de Grenoble en évoquant les populations issues de l'immigration.
Interloquée, Apolline de Malherbe rebondit. "Regarder bizarrement dans la rue ? ça veut dire quoi ça ?", rétorque la journaliste. "Bah, si je cours moi dans la rue, on va croire que je vais choper mon bus. Si c'est un jeune qui n'a pas la peau blanche, on va croire que tiens, il a volé quelque chose ou il s'enfuit de quelque chose", explique l'édile grenoblois, avant de confesser : "On est tous un petit peu racistes, on a tous un rapport à la différence et à l'altérité sur lequel il faut travailler".
🎙 "Si moi je cours dans la rue, on croit que je veux choper mon bus. Si c'est un jeune qui n'a pas la peau blanche, on va croire qu'il a volé quelque chose. On est tous un peu raciste."
— RMC (@RMCInfo) July 12, 2023
Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, invité du #FaceAFace pic.twitter.com/MBdrLRV9zk
Délit de faciès comme dans le sud-ouest
Le délit de faciès ? Encore et toujours vivant, selon lui. "Il y a un délit de faciès comme il y en avait un dans mon sud-ouest natal pour les Portugais et les Espagnols", assure l'écologiste, en rappelant que, selon lui, la société française a toujours été et est toujours raciste.
"Il y a 40 ans, dans certains bars de Grenoble, c'était écrit "ni chiens, ni ritals", fustige le maire de Grenoble. "C'était ça, le racisme il ciblait à l'époque les Italiens".
"Mais pourtant, je n'ai pas le souvenir que les ritals, comme vous dites, ait mis le feu", commente la présentatrice, circonspecte.
"Ils tenaient à Grenoble de l'activité de délinquance, des mafias, un peu de deal, un peu de prostitution. Il y a eu cela aussi, c'était le grand banditisme", précise l'élu vert.
Des solutions proposées
Une des solutions envisageables pour pacifier les quartiers serait de légaliser le cannabis, selon Eric Piolle.
"Je suis pour la légalisation du trafic de cannabis parce que, en réalité, c'est une situation d'échec en matière de santé, en matière financière, en matière d'image de la République. A un moment, quand on se plante sur tout, il faut se remettre en cause", se navre l'édile.
Toutefois, si le cannabis et sa distribution ne venaient pas à être légalisés, il faudrait loger dealers et consommateurs à la même enseigne.
"On pourrait dire, par rapport à cette crise d'autoritarisme sur les parents en disant, "sanctionnons les parents des dealers", et bien on pourrait dire "sanctionnons les parents dont les enfants fument", vous allez trouver une autre population", assure-t-il.
"Nous sommes en situation d'échec du point de vue de la santé, avec la proportion de mineurs qui se droguent la plus importante d'Europe", ajoute l'édile grenoblois, en reconnaissant qu'il faut "faire de la prévention".