Verts et gauche à la Métropole de Grenoble : "Je t'aime, moi non plus"

Verts et gauche à la Métropole de Grenoble : "Je t'aime, moi non plus"
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'Nous ne sommes pas une bande de joyeux amis qui partiraient en vacances ensemble".

C'est comme cela que Lionel Coiffard, vice-président de la Métropole appartenant au groupe UMA d’Eric Piolle résume les rapports existants dans l’exécutif de Grenoble Alpes Métropole.

Vendredi au conseil métropolitain ces élus qui comptent sept vice-présidents ont à nouveau mené la fronde réclamant cette fois une hausse de la taxe foncière à l’échelle de la Métropole, déposant des amendements dans ce sens.

La posture était audacieuse après la véritable saignée que subissent les propriétaires grenoblois avec une augmentation de 30%, à laquelle ce serait ajoutée celle de la Métropole.

Mais l’affrontement sur le fond et la forme a démontré à nouveau la largeur du fossé qui oppose une partie de la gauche à l’autre. En la circonstance la plupart des élus communistes se sont rangés du côté de Christophe Ferrari, le président de la Métropole et de ses amis de la gauche socialiste. L’opposition venant au secours du refus de la hausse d’impôts. Une opposition de droite qui avait permis au contraire à Lionel Coiffard, par son vote, de conserver sa vice-présidence que Christophe Ferrari voulait lui retirer. Ce maintien est une épine dans le pied du président et l’affaiblit un peu plus.

Les reproches sur le manque de loyauté ont fusé contre les élus du groupe d’Eric Piolle accusés de jouer aux incendiaires. Leur tactique n’a pas changé : demeurer dans l’exécutif et officiellement dans la majorité en s’affranchissant de toute obligation pour cumuler les avantages du dedans et du dehors.

Pas certain que le résultat soit obligatoirement au rendez-vous : le climat délétère qui en résulte a pour effet de confondre les uns et les autres dans la même réprobation. L’image qu’ils renvoient de l’union de la gauche et des écologistes après 10 ans de mandat commun sonne comme une fin de partie.

Dans ce climat, l’éventuelle comparution de Christophe Ferrari devant le tribunal judiciaire à propos de l’utilisation de sa voiture de service et de notes de frais alourdirait l’atmosphère. D’autant que de son côté Jean-Pierre Barbier, président (LR) du Conseil départemental enfonce le clou et vient de demander  dans l’émission politique de Télégrenoble : "Qu’est-ce que fait Eric Piolle à la tête d’un exécutif alors qu’il a été condamné pour favoritisme ?", alors qu’il avait signé la charte Anticor impliquant la démission en cas de condamnation qui porte atteinte à la probité.

La  naissance de deux gauches locales de plus en plus irréconciliables, dont le rabibochage électoral toujours possible serait du plus mauvais effet, s’effectue donc sur ce champ de bataille agité.

D’un côté une gauche extrême autour des écologistes sur une ligne sociétale dure, associés à LFI et, de l’autre, une mouvance assez large qui part d’exclus de la majorité Piolle très proches de lui idéologiquement, jusqu’à la gauche social-démocrate classique. Beaucoup de noms circulent pour incarner l’une et l’autre.

Mais le vote du budget de la Métropole a encore montré que, si la hausse des impôts avait été évitée, elle n’était probablement que retardée. Le niveau d’endettement est également inquiétant. La querelle des gauches n’efface pas la problématique majeure qui concerne la ville-centre et la collectivité d’agglomération. Sur les bases actuelles, les marges de manœuvre vont continuer à se réduire et l’effet ciseaux financier se resserrer dangereusement.

La réponse par l’impôt et la dette des amis d’Eric Piolle, refusée par les autres, constituera peut être la première pierre d’une divergence de fond sur cet avenir ?