Maryse Toussaint, la candidate tête de liste des écologistes aux élections européennes a recadré Eric Piolle chez lui, lors de la réunion jeudi soir au bar Radis, l’un de leurs QG du quartier Flaubert à Grenoble.
"2027 ce n’est pas un sujet car les élections européennes sont les plus importantes depuis la chute du mur de Berlin", a-t-elle asséné. Une douche froide pour l’édile qui venait de reprendre les thèmes du lancement de son blog pour se remettre dans la course à la présidentielle.
Il n’y aurait rien de pire en effet pour les écologistes que de voir les élections européennes, où ils espèrent briller, être polluées à cause de polémiques sur l’échéance nationale suivante qui divise profondément les gauches. C’est peu dire que l’initiative d’Eric Piolle a été accueillie froidement dans son camp et a reçu un très faible écho médiatique national.
En créant un blog, Eric Piolle reprend son antienne de "l’arc humaniste" au centre duquel il se situe, qui avait été déjà l’objet de sa campagne malheureuse de la primaire 2021 de son parti durant laquelle il avait terminé quatrième. Il ne semble pas apporter d’éléments nouveaux à celle-ci.
La réserve de ses amis tient probablement également au fait qu’il a été condamné pour favoritisme depuis lors et que son action de maire de la ville rencontre beaucoup d’oppositions. La situation financière reconnue très tendue et préoccupante pour l’avenir pose des questions sur son management.
Mais cette initiative lui permet de ne pas demeurer une cible immobile. Au plan politique sa fausse "défense" de Jean-Luc Mélenchon le coupe un peu plus de LFI et de sa députée locale Elisa Martin, ex-première adjointe. En expliquant qu’il ne faut pas être "ingrat" avec l’ex-candidat à la présidentielle, afin de bénéficier de son soutien, mais en appuyant le fait qu’il "n’est pas la personne adaptée pour conduire (cette) équipe en 2027", il ne s’en fait pas un ami. Contester le leadership de Jean-Luc Mélenchon est un créneau aujourd'hui occupé avec plus de subtilité, de contenu programmatique et d’exposition médiatique par François Ruffin.
Le maire de Grenoble définit sa zone comme celle "des socialistes non productivistes sortis de l’illusion qu’ils sont les propriétaires naturels du pouvoir", les "insoumis lucides sur les étapes à franchir pour que les Françaises et Français choisissent de nous porter au pouvoir", les communistes "ayant pour prisme premier de bloquer l’extrême droite", et, enfin, les écologistes.
Le lancement du blog - un mode assez ancien de communication -, son retour la course à la présidentielle à un moment ou les Verts n’en n’ont pas besoin et où il était plutôt attendu sur des problématiques grenobloises récurrentes, démontrent un contretemps évident.
Reste pour Eric Piolle l’avantage du mouvement qui demeure un atout seulement s’il n’est pas reçu comme une fuite en avant.