Après le site d’opposition Grenoble, le Changement, le Dauphiné Libéré a révélé les procédures engagées entre trois femmes élues dans la majorité Piolle : Salima Djidel-Brunat, vice-présidente de la Métropole, Keira Capdepon, adjointe au maire et Amel Zenati, conseillère municipale. Cette dernière venant juste d’être exclue de cette majorité avec 6 autres élus pour avoir douté de la justesse d’augmenter les impôts de 30% alors qu'Eric Piolle s’était engagé pendant la campagne municipale à ne pas y toucher.
Cette dernière a- t-elle prononcé l’injure "arabes de service" à l’intention des deux premières qui l’avaient particulièrement malmenée dans une commission ou bien a-t-elle dit "je ne suis pas l’arabe de service" ? Les tribunaux trancheront.
Mais cette énième affaire produit une certaine émotion dans le landerneau. D’abord car ces échanges sont révélateurs d’une sémantique politique qu’on ne savait pas utilisée dans ce camp.
Ensuite parce que la majorité du conseil municipal a voté lundi dernier la protection fonctionnelle pour Mmes Djidel-Brunat et Capdepon, ce qui signifie que la Ville prendra en charge les frais d’avocats et de justice des deux plaignantes.
Toujours lors de ce conseil municipal, Eric Piolle s’est fait voter la même mesure pour couvrir les frais d’avocats et de procédure d’une plainte qu’il avait déposé contre Pascal Clerotte, l’animateur du Groupe d’Analyse Municipale (GAM) qui l’avait mis en cause dans les dossiers de la Fête des Tuiles pour lequel Eric Piolle a été condamné pour favoritisme et du rachat du siège du Crédit Agricole. Le problème étant que le maire de Grenoble a perdu ce procès et a été condamné aux dépens.
Alain Carignon, chef de file (LR) de l’opposition avait protesté contre ces procédures "contre les journalistes, des intervenants publics qui intimident, menacent aux frais du contribuable. Les victimes doivent se défendre contre le maire à leurs frais".
Mais la liste impressionnante des procédures fait aussi état de celle qui oppose Eric Piolle à son ancien conseiller spécial, Enzo Lesourt, son plus proche collaborateur pendant une quinzaine d’années. Des litiges minuscules entre le groupe historique de soutien de Raymond Avrillier et Vincent Comparat, l’ADES, qui compte pourtant une dizaine d’élus dans la majorité, sont aussi tranchés par les tribunaux. Toujours aux frais du contribuable grenoblois.
Cette judiciarisation des rapports dans la majorité municipale témoigne d’un problème de leadership interne et de la dégradation des relations entre les élus de Grenoble en commun. Depuis la réélection d’Eric Piolle en 2020 la majorité a déjà été affectée par 10 départs ou exclusions, dont l’ex-adjoint aux Finances et un vice -président de la Métropole.
A deux ans du renouvellement, si ce climat devait perdurer, la question de savoir si le maire sortant qui ne se représente pas sera le meilleur atout "pour faire gagner en 2026" - comme Eric Piolle vient de s’y engager à l’occasion du 10e anniversaire de son élection – se posera peut être pour son successeur désigné.