Villeneuve de Grenoble : le test dangereux du "lac baignable"

Villeneuve de Grenoble : le test dangereux du "lac baignable"
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Le projet de "lac baignable" à Villeneuve lancé et porté par la seule municipalité est en train de polariser sur lui tous les maux reprochés à la majorité grenobloise.

Réclamé par aucune association du quartier, il incarnerait la distance existant entre elle et les quartiers populaires. Avec un taux de chômage très élevé, une paupérisation accélérée, des problématiques de sécurité, un espace public dégradé, la disparition des commerces,  la progression des mafias sur les chantiers, la population de Villeneuve a certainement d’autres urgences .

Son coût de 4, 2 millions d’euros avec des frais de fonctionnement de 400 000 euros par an tombent mal après le vote d’un budget intégrant une hausse d’impôts de 30% et un recours inégalé à l’endettement.

Enfin le résultat de la concertation réglementaire est sans équivoque : la mobilisation des habitants est forte avec 86% d’avis négatifs. Une pétition ayant déjà recueilli 1200 signatures est aussi en circulation.

En laissant entendre qu’elle ne les prendrait pas en compte, la municipalité risque de confirmer sur ce dossier les reproches récurrents qui lui sont faits au sujet de sa pratique : la co-construction et la participation citoyenne à la grenobloise ne sont qu’un leurre médiatique.

A ce cumul explosif , Chloé Pantel, une adjointe d’Eric Piolle, a répondu à nouveau que la municipalité préparait  2050 avec le réchauffement climatique et, plus prosaïquement, que le grand bassin dont les habitants profitaient actuellement et qu’ils voudraient conserver "n’est plus aux normes"

Pour l’immense majorité des habitants, le bassin actuel, d’un accès ouvert et aisé, et d’une faible profondeur, correspond à leurs besoins et "le lac baignable" fermé serait dans les faits moins baignable. Outre que l’un et l’autre ne sont pas utilisables l’hiver, ce qui pose question sur le niveau d’investissement acceptable.

Ils dénoncent "le fantasme de la base de loisirs" et proposent  l'amélioration des fontaines existantes, l'installation de brumisateurs et jets d'eaux, la création de jeux aquatiques accessibles à tous les Grenoblois. Bref des aménagements sobres et de proximité correspondant mieux au discours municipal officiel.

En affichant soudainement ce grand projet au sud de la ville, la municipalité se place dans la position de la municipalité Destot (PS) qui portait une volonté d’urbanisation à l’esplanade, au nord. Elle avait entrainé une forte mobilisation hostile et avait constitué un enjeu fort de la campagne municipale de 2014, qui avait favorisé l’élection de l’équipe Piolle.

En termes de calendrier, le timing est le même puisque l’actuel projet municipal aura du mal à être financé dans ce mandat et constituera donc un abcès lors de l’échéance de 2026

Certes Villeneuve est moins significative pour tous les Grenoblois que l’entrée de la Porte de France à la Bastille, moins fréquentée par eux que l’esplanade, théâtre de la traditionnelle foire, mais la symbolique du grand projet rencontrant l’opposition des habitants, la question de la dépense publique, de la participation citoyenne, l’opposition entre la gestion des difficultés présentes et les promesses pour 2050 font du "lac baignable" un cocktail explosif.

Compte tenu de l’implantation des militants insoumis dans ce quartier, Elisa Martin (LFI) en étant la députée, lesquels pourraient vouloir sauvegarder leurs intérêts électoraux, l’évolution du dossier va également permettre d’évaluer l’état des forces à l’intérieur de la majorité municipale. De vérifier ensuite si, malgré son affaiblissement dans l’opinion, la municipalité Piolle est encore en mesure d’imposer ses décisions à deux ans des élections municipales.

Le "lac baignable" est donc devenu un test à plusieurs entrées dont les résultats donneront lieu à nombre d’enseignements.


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